Et oui, à partir de 6 ans l'instruction en famille devient réglementée par un contrôle de l'inspection académique chaque année afin de vérifier que l'enfant suit bien une instruction quelle qu'elle soit.
Nous avons eu la fameuse lettre recommandée nous donnant la date du contrôle 1 mois avant celui-ci.
Délais respecté!
C'est un bon début car je sais que ça n'est pas toujours le cas.
Suite à ce courrier j'avoue que j'ai été un peu flippée. Un peu mais pas trop.
Mais pourquoi? Et bien pour deux raisons.
La première est que j'ai souvent eu des retours négatifs de ces contrôles par des familles faisant aussi l'IEF. Et donc des croyances se sont installées produisant des pensées...
La seconde est que notre zèbre étant un zèbre...si l'affectif n'est pas pris en compte, il peut se fermer et refuser l'apprentissage, donc refuser le test pour voir où il en est dans ses différents apprentissages.
Et de plus...étant un zèbre adopté, la légitimité est parfois inconsciemment difficile pour lui et ce contrôle peut-être un stress de plus car il s'y joue de l'estime de soi si problématique.
Alors comme cela me l'était proposé, après la réception de leur courrier, j'ai à mon tour renvoyé un courrier accompagné des tests psychométriques et psychomoteurs de notre Loulou.
Ma lettre expliquait bien les enjeux de ce contrôle et comment cela pouvait être hautement anxiogène et traumatique pour lui. Ils avaient donc toutes les informations en mains.
A ma grande surprise, après avoir là aussi écouté les retours négatifs des personnes, j'ai eu au téléphone une écoute et une bienveillance palpables.
J'ai pu échanger pendant plus de 20 min sur notre fils et comment faire au mieux pour qu'à aucun moment il ait un sentiment d'échec et de malaise.
Bref à la fin de la conversation téléphonique, j'étais apaisée de savoir que cela se passerait bien, d'abord parce que les personnes présentes seraient ouvertes et donc que je n' avais pas de raison d'avoir peur. Je pouvais lâcher mes croyances et donc mes pensées qui me faisaient peurs.
Il n'y avaient pas de danger!
Le jour J est arrivé et comme cela le devait, il s'est bien passé.
Notre fils a accueilli l'inspectrice et le conseiller pédagogique avec sympathie.
Naturellement nous avons laissé le conseiller aller vers Loulou, l'inspectrice souhaitant s'entretenir avec nous le temps qu'ils fassent les différents tests.
Nous avons pu pendant 1 heure parler de lui, de ses spécificités, de son histoire et du fait que les enfants adoptés ont souvent une scolarité compliquée.
Nous avons parlé des troubles de l'attachement, de l'importance d'accompagner son enfant à réparer pour ensuite pouvoir se construire.
Nous avons pu expliquer pourquoi il était instruit en famille.
Nous avons échangé sur nos choix pédagogiques.
Nous nous sommes sentis entendus avec bienveillance.
Sa précocité intellectuelle a été prise en compte et nous avons eu des conseils adéquates pour envisager l'avenir le mieux possible.
De l'autre coté de la porte, Loulou coopérait avec ouverture, waouh quel progrès!
Tout s'est bien passé, il a montré ce qu'il savait, a accepté les demandes du conseiller pédagogique.
Notre petit zèbre est vraiment étonnant et magique.
Cette heure et demi est finalement passée assez vite.
Nous étions soulagés de cette ouverture.
Loulou a été super.
Ils sont repartis en nous disant qu'ils nous enverraient le rapport et qu'ils reviendraient l'année prochaine à la même date.
De ce rdv me sont venues deux choses importantes qui sont en lien avec ce que j'ai expérimenté personnellement.
La première est que notre posture et notre ouverture vont vraiment jouer sur la qualité de la rencontre.
Qu'il faut les travailler car elles sont bien plus grandes et plus importantes que ce que l'on peut imaginer. Si toute fois on en a conscience ce qui à mon avis est assez rare.
La deuxième est qu'il faut avoir une vraie confiance en soi car cela va permettre le meilleur!
Sans confiance en soi pas de confiance en l'autre possible.
C'est à dire ni en son enfant, ni en les personnes qui viendront faire ce contrôle.
Pour accompagner le témoigne de ce rdv, je voudrais partager ici un autre témoignage que j'ai fait pour la revue "Enfance et Famille Adoption" qui devrait paraitre bientôt.
Il s'agit du choix d'une scolarité alternative pour son enfant adopté.
Nous sommes allés chercher notre fils en Haïti en aout 2010 après le terrible séisme.
A ce moment là, nous avions assez peu d'idée sur le chemin collectif et scolaire de notre enfant.
Dès notre arrivée à Port au Prince il s'est accroché à nous avec une force incroyable, accroché par peur du lendemain.
Refus de la proximité des nounous qui s'étaient occupées de lui mais aussi des autres enfants de la crèche.
Très
vite, il a manifesté une fragilité de l'attachement avec entre autre
une "impossibilité" à se laisser aller dans le sommeil.
En fait notre fils n'a quasi pas dormi pendant 3 ans 1/2.
Nous
avons donc assez naturellement opté pour un maternage assez fort. Nous
l'avons beaucoup porté, moment ou il trouvait le sommeil et avons opté
pour du co-dodo même si le résultat n'est venu que très tardivement!
Et
si avec nous le lien était très fort, il lui a fallu un temps immense
pour qu'il gagne confiance dans toutes les petites choses de la vie.
Tout
ce qui est si facile et naturel pour un enfant sans traumatisme lui a
demandé un effort très important. Et avec de mauvaises nuits et des
siestes chaotiques...il était très fatigué. Nous avons du adapter notre
vie familiale.
Nous
avons tenté la halte garderie et très vite nous avons vu que cela ne
pouvait pas fonctionner. La structure n'étant pas ouverte aux besoins
spécifiques de notre fils.
Quand l'entrée en maternelle est arrivée, nous l'avons inscrit et se disant que l'on verrait bien...
Et puis suite à une intolérance alimentaire, il n'a pas pu être propre pour septembre alors la rentrée n'a pas eu lieu.
Nous avons alors ouvert les yeux sur le fait qu'il n'était absolument
pas prêt à rentrer en collectivité ni physiquement ni émotionnellement!
Il
était encore très insécure et très accroché de peur que l'on
disparaisse...nous avons donc continuer à le materner, nous avons pu
attendre et nous adapter.
Les années de maternelle sont passées ainsi et nous avons compris que pour lui cela se ferait à la maison.
Nous
avons aussi réalisé en vivant les apprentissages de notre enfant avec
lui qu'il n'était pas adapté au système scolaire tel qu'il lui était
proposé.
Notre
fils venait d'être testé pour la précocité intellectuelle et avec ce
grand décalage entre son age émotionnel et sa maturité intellectuelle,
s'ajoutait une très faible voire inexistante estime de soi qui rendait
les apprentissages très compliqués.
Agitation,
anxiété importante et refus de coopérer par peur de l'échec. Nous avons
senti à quel point l'idée de ne pas réussir le renvoyait à son histoire
et appuyait sur cette douleur et croyance de ne pas être un bon enfant.
Nous
n'avions pas d'autre choix pour qu'il puisse se construire et réparer
cette image de lui que de nous adapter et de lui apporter une
instruction en famille.
Au
départ il ne s'agissait pas d' un choix idéologique mais d'une
impossibilité pour notre fils de rentrer dans le cadre scolaire. Nous
avons ouvert notre cœur et notre imagination pour trouver la meilleure
solution pour lui.
Aujourd'hui
il avance tranquillement mais surement et à son rythme dans les
différents apprentissages. Il gagne confiance en lui jour après jour et
consolide sa confiance et ses acquis. Il aime lire et apprendre et cela
n'est possible qu'avec un accompagnement émotionnel important.
Nous avons eu le contrôle de l'inspection académique en février pour vérifier que notre fils reçoit bien une instruction.
Tout s'est très bien passé, notre fils a coopéré, ce qui il y a encore quelques mois aurait été difficile!
Il
a de nombreuses activités extra-scolaires et fréquente de nombreux
enfants grâce entre autres à une association de parents faisant l'école à
la maison dans notre département.
Nous
voyons combien il a grandi et combien il a été fondamental pour son
équilibre et son bien-être de pouvoir lui offrir le temps et le mode de
scolarité compatible avec son histoire au combien singulière.